BIOGRAPHIE

Eugen Indjic est né en 1947 à Belgrade d’une mère russe et d’un père général de l’armée de Pierre II de Yougoslavie.
Il émigre aux Etats-Unis à l’age de quatre ans et reçoit la nationalité américaine. Il découvre la musique en écoutant la Fantaisie-Impromptu et la Grande Polonaise de Chopin et commence le piano à l’âge de huit ans avec Liubov Stephani et Benjamin Kalman (élève de Emil von Sauer à Berlin).
Il monte sur scène pour la première fois à neuf ans, jouant le concerto en ré mineur de Mozart avec le Springfield Symphony Orchestra.
Deux ans plus tard, il commence à travailler avec Alexandre Borovsky, célèbre pianiste russe, ami de Prokofiev dans la classe d’Anna Yesipova à Saint-Pétersbourg. Il suivra son enseignement jusqu’en 1964.
À onze ans, il joue déjà la Campanella et la 13ème Rhapsodie hongroise de Liszt pour la télévision NBC. Il enregistre à douze ans les Variations Diabelli de Beethoven sur le piano de Rachmaninov pour RCA Victor et donne à treize ans, son premier concert en soliste, jouant le Concerto No.1 de Liszt avec l’Orchestre National Symphonique de Washington, puis le second Concerto de Brahms un an plus tard avec ce même orchestre.
Entre 1961 et 1971, il est régulièrement invité par le chef d’orchestre Arthur Fiedler et le Boston Pops Orchestra.
Il a seize ans lorsque, au cours d’une tournée avec Borovsky, un critique de Copenhagen écrit de lui : « Il joue Chopin comme un polonais, Debussy comme un Français et Prokofiev comme un maître russe ».
Alors qu’il termine ses études à la Phillips Academy d’Andover, Erich Leinsdorf l’invite à jouer le second Concerto de Brahms avec l’Orchestre symphonique de Boston, ce qui fait d’Indjic, à dix-huit ans, le soliste le plus jeune à avoir jamais joué avec cet orchestre.
En 1968, il rencontre Arthur Rubinstein, qui restera pour lui jusqu’à sa mort un maître et un ami.
D’Indjic, il disait : « Un pianiste de rang mondial, d’une rare perfection musicale et artistique ».
Son ami le compositeur Alexandre Tansman, qui l’avait mis en contact avec Vladimir Horowitz, lui a dédié une œuvre : Caprice, A piacere.
La bourse Leonard Bernstein lui ayant été attribuée, il poursuit ses études à l’Université de Harvard d’où il sort diplômé « cum Laude » en 1969. Il y étudiera la musicologie et la composition avec Laurence Berman et Leon Kirchner. Ce dernier l’initiera à l’analyse schenkérienne, dont il restera un fervent adepte.
Il épouse la petite fille du compositeur français Henri Rabaud, Odile Rabaud, s’installe définitivement en France en 1972 et adopte la nationalité française, devenant ainsi franco-américain.
Grand Prix de trois concours internationaux : Chopin 1970, Leeds 1972 et Rubinstein 1974, Eugen Indjic a depuis joué sous la baguette des plus grands chefs, tels que Bernstein, Bernstein, Bělohlávek, Casadesus, Fedoseiev, Gergiev, Gielen, Jochum, Kubelík, Leinsdorf, Sanderling, Sinopoli, Solti, von Matačić, de Waart, Wit et Zinman avec la plupart des orchestres des États-Unis et d’Europe et continue à se produire régulièrement sur les grandes scènes mondiales, telles le Carnegie Hall, le Théâtre des Champs Elysées, le Queen Elizabeth Hall, Le Concertgebouw, la Scala, le Musikverein, le Smetana Hall, le Rudolfinum…
À l’occasion de l’Année Chopin en 1999, Il a été invité à participer à une série d’enregistrements télévisés de l’intégralité de l’œuvre de Chopin, une coproduction française, polonaise et japonaise. Eugen Indjic a enregistré pour Polskie Nagrania / Muza et Arte Nova Classics a publié des enregistrements live avec le SWF Orchestra du Concerto No.1 de Tchaïkovski, dirigé par Ahronovich et des Variations Paganini de Rachmaninov, sous la baguette de Sinopoli. En 1988, il enregistre le Concerto de Roussel avec Laurent Petitgirard.
Il a enregistré des œuvres de Chopin, Schumann et Debussy pour les labels Claves et Calliope – désormais rééditées sous le label Andante Spianato – de Beethoven pour RCA, de Stravinsky et Debussy pour Sony.
La presse internationale s’est particulièrement intéressée à lui en 2007 avec la découverte de l’escroquerie « Joyce Hatto ». Celle-ci a en effet été démasquée et révélée par des universitaires britanniques qui ont pu prouver que son disque des Mazurkas – entre autres – avait été intégralement copié.
Le réalisateur Bertrand Blier a choisi à deux reprises son interprétation du concerto de Chopin No. 2 pour les films « Merci la vie » (1991) et « Combien tu m’aimes » (2005).
Eugen Indjic se consacre également à l’enseignement lors de master-classes en Europe, notamment à la Schola Cantorum de Paris, aux États-Unis (Harvard) et au Japon. Il est souvent membre du jury de concours internationaux (Chopin, Rubinstein, Liszt, Vianna da Motta…)
En 2010, Il a été nommé « artiste en résidence » à l’Orchestre symphonique de Prague.
Eugen Indjic est Docteur Honoris Causa de l’université de Belgrade, distinction qui n’a été accordée qu’à deux autres musiciens étrangers : Witold Lutoslawski et Zubin Mehta.

« Je ne sais ce qu’il faut le plus admirer en lui, la maîtrise souveraine de l’instrument, la délicatesse raffinée des sonorités, une interprétation où tout est scrupule, transparence… Le concert en soi devient une œuvre d’art. On ne saurait concevoir une musicalité plus complète et une perfection plus exquise, jointe à cette simplicité qui frappe tout le monde ».  Vladimir Jankélévitch